La précarisation du travail : Un enjeu au Nord comme au Sud
Même si la mondialisation a créé des emplois dans certains pays, on fait le constat d’une détérioration des conditions de travail partout dans le monde. Les emplois créés ne bénéficient plus de règles de protection, les travailleurs ne peuvent plus défendre leurs droits par peur de la délocalisation des entreprises, le secteur informel croît dans les pays du Sud et les emplois atypiques sont en croissance dans les pays du Nord. Solutions avancées : accroître la coopération Nord-Sud pour faire des campagnes collectives contre certaines multinationales, développer des ententes entre les syndicats et améliorer l’éducation citoyenne.
Transition écologique : croissance ou décroissance. Un consensus est-il possible?
L’idée maîtresse de la décroissance est de sortir en douceur du capitalisme en produisant moins et en consommant moins. Comme la croissance ne produit plus systématiquement des emplois, une profonde réflexion est nécessaire pour envisager des alternatives, relocaliser l’économie vers le local, former les travailleurs à des emplois de substitution, réduire le temps de travail. Les syndicats ont peu de réflexion sur le sujet et commencent à peine à étudier l’idée du revenu minimum garanti. Les représentants des PVD présents ont fait remarquer que cette approche n’est pas viable dans une société où le minimum vital n’est pas acquis.
L’impact des accords de libre-échange sur la justice sociale
Les nouveaux accords signés entre pays du Nord se veulent une défense face à l’entrée des pays en émergence, surtout du BRICS, dans le commerce mondial. Les échanges Nord-Nord ont décru de 10 % depuis 2002. Les participants, autant du Nord que du Sud, ont soulevé plusieurs problèmes générés par des ententes commerciales. Les représentants français et belges craignent que le CETA et le TTIP amènent une libéralisation des services publics et une délocalisation des entreprises européennes vers les États-Unis, où les règles de protection sociale et environnementale sont plus faibles. La Tunisie a bien vu son commerce et son PIB croître suite à l’entente avec l’Union européenne mais 3 000 entreprises et 200 000 emplois ont été perdus. Les inégalités se sont accrus et le taux de chômage est maintenant de 27 %. Cette entente a amené la délocalisation en Tunisie d’entreprises européennes polluantes. Malgré ces constats, les syndicats voudraient faire partie des négociations et y intégrer des normes sociales et des règles fondamentales pour les droits du travail. On souhaite même que l’OIT et l’OMC contribuent à la rédaction de ces ententes. Un réseautage est nécessaire entre opposants du Nord et du Sud pour établir des normes non contournables par les entreprises.
Pour un partage équitable des richesses : l’allocation universelle et la richesse maximale
L’idée de base est que maintenant que nous sommes dans une société d’abondance, il faut revoir le partage de la richesse. L’heure n’est plus à la création de la richesse mais à son partage. De toute façon les besoins de base sont comblés, il devrait y avoir moins de production et donc moins d’emplois. Un nouveau système est nécessaire pour redistribuer la richesse collective. Le revenu de base universel doit aller de pair avec la richesse maximale. Plusieurs de ces idées sont actuellement débattues et la Suisse a même tenu un référendum sur la richesse maximale. Évidemment, la société d’abondance décrite n’est que l’état de situation au Nord.
Participation démocratique en santé et services sociaux : état des lieux et perspectives
Cet atelier ne concernait que le modèle québécois de participation citoyenne dans les instances responsables de services de santé et sociaux. On déplore une perte de pouvoir des citoyens depuis 2003 au profit des technocrates. On constate aussi une dépolitisation et un désengagement des citoyens. Les intervenants préconisent une refonte de la démocratie représentative, et la consultation fédérale pourrait en donner l’occasion. On souhaite aussi mobiliser les chercheurs pour qu’ils expliquent et vulgarisent le phénomène pour accroître la mobilisation autour de ces enjeux. Le rôle des médias est central à cet égard.
La lutte pour un salaire minimum à 15 $ en Amérique du Nord
Cette conférence a attiré beaucoup de participants ainsi que les médias. Le sujet est à l’ordre du jour et les conférenciers connus : Alexandre Taillefer, Alexandre Boulerice, Daniel Boyer (FTQ). Des représentants de groupes des États-Unis et de l’Ontario étaient aussi présents. Pour avoir plus d’impact, les groupes canadiens, dont ceux du Québec, veulent profiter du momentum aux États-Unis. La FTQ avoue tout de même que cette revendication ne fait pas l’unanimité au sein de la centrale syndicale. C’est pourquoi celle-ci préconise d’arriver à un salaire minimum de 15 $ l’heure d’ici 5 ou 6 ans. Pour Alexandre Taillefer, le salaire minimum prévaut surtout dans le secteur du détail et dans la restauration. Le salaire de la main-d’œuvre varie entre 6 et 14 % des coûts dans le secteur du détail, alors la différence n’est pas très importante. Pour la restauration, où la main-d’œuvre représente entre 25 et 30 % des coûts, une augmentation des prix pour l’ensemble du secteur ne favorisera donc pas la concurrence. Il estime que l’inflation pourrait être de 4 %, une seule fois. En ce moment, un million de travailleurs québécois gagnent moins de 15 $ de l’heure. Un salaire horaire de 15 $ à 40 heures par semaine équivaut à un salaire annuel de 40 000 $.