On souligne l’importance de demeurer dans son milieu de vie actuel tant que des raisons sérieuses obligent à déménager. Le bien-être et la sécurité d’un environnement qu’on connaît bien sont bénéfiques à sa santé mentale alors qu'un déménagement provoque un changement de vie important et exigeant nombre d’ajustements.
En fait, demeurer au même endroit longtemps aurait une influence directe sur la mémoire, modelée au fil du temps par les repaires familiers : espaces, mobilier, lumière environnante, etc., qui facilitent les gestes du quotidien devenus automatiques, sans planification ni organisation préalables et en toute économie de mémoire et d'effort.
Le vieillissement entraîne une certaine diminution de la capacité d’adaptation qui peut engendrer un stress plus ou moins important, auquel s’ajoute des diminutions de force et d’endurance physiques, deux capacités particulièrement sollicitées lors d’un déménagement et durant la période d’adaptation à un nouvel environnement.
Demeurer dans son milieu de vie exige une continuité de certaines activités d’entretien et d’amélioration permettant de demeurer actif. Les ainés déménagent généralement vers un environnement plus restreint, avec moins d’obligations : entretien ménager et paysager, ascenseurs, stationnement intérieur, etc. Ces avantages diminuent les activités quotidiennes, mais incitent par ailleurs à une sédentarité passive qui favorise une diminution de ses capacités.
Il est illusoire de croire qu’aucune circonstance n’obligera à changer de milieu de vie : décès du conjoint, perte sévère d’autonomie, baisse soudaine de revenus, etc. Il est donc sage, à compter de 60 ou 70 ans, d’envisager un « Plan B » pour anticiper cet éventuel déménagement.
Se préparer signifie :
- Planifier;
- Faire un « grand-ménage » ;
- Conserver le nécessaire à un fonctionnement adéquat et
- Laisser aller le reste.
Ce tour de propriété vise à identifier ce dont on a vraiment besoin, en tenant compte de ses capacités physiques, d'endurance, d’adaptation au stress du changement. L’idée consiste à se regarder tel qu’on est, sans complaisance ni exagération. En couple, on peut faire le même exercice, chacun de son côté, puis ensemble, afin d’évaluer sa capacité à intervenir adéquatement si l’autre perd des facultés ou décède.
Une fois fait, ce ménage permet d'évaluer l’espace nécessaire lorsqu’on déménagera, surtout si on quitte une grande maison vers un logement plus petit! Une fois cette étape complétée, il est plus facile d’évaluer le type de milieu de vie qui nous convient réellement en visitant ses coins de ville préférés, en s’informant auprès de personnes de confiance qui préparent ou ont déjà fait la transition.
Bien sûr, il y aura des deuils à faire de certains aspects de sa vie et d’autres, trop déchirants, qu’on refusera d’accepter. En tout temps, toutefois, il est primordial de bien exercer son sens critique face aux publicités sur les types de résidence offerts, avec ou sans services, en tenant compte d'abord et surtout de sa propre réalité.
De quoi a t-on vraiment besoin :
- de confort sécuritaire et abordable à long terme OU d’une vie de château dispendieuse;
- d’une communauté de vie OU d’isolement;
- d’une vie urbaine trépidante OU d’un quartier tranquille.
Certaines résidences proposent une période d’essai. On peut donc tenter l’expérience pour voir ce qui nous plaît et nous déplaît vraiment. C’est une décision comportant des conséquences sur plusieurs années.
Au Québec, près de 18 % des 65+ vivent en résidences privées, soit trois fois plus que les aînés canadiens! D’où la nécessité et la prudence de réfléchir en profondeur et d’envisager plusieurs alternatives, sans en faire une obsession!
Généralement, c’est vers l’âge de 75 à 80 ans qu'il est plus fréquent de déménager. La moyenne d’âge dans les résidences privées pour aînés est de 84 ans, sauf pour les cas d’importante perte d’autonomie.
Au final, la décision de changer ou de conserver son milieu de vie doit absolument répondre à un besoin réel et profondément personnel, et non à une mode encouragée par des publicités agressives.