Pour plusieurs, la vie en copropriété (condo ou condominium, duplex, etc.) se présente comme une alternative attrayante à la résidence unifamiliale. Plutôt que de s’occuper de l’entretien ou de la rénovation d'une unifamiliale, les acheteurs peuvent avoir le sentiment d’une plus grande liberté.
Mais demeurer en copropriété peut être plus difficile qu’on le pense. Les devoirs, les obligations et les droits communs sont nombreux et complexes. Les multiples règles qui régissent ce mode d’habitation sont parfois floues, difficiles à comprendre et proviennent de différentes sources : le Code civil du Québec (CcQ), la charte de copropriété, les règlements, les modifications aux règlements, etc.
Aussi, avant de penser à s'établir en copropriété, il est important de s’informer, de comprendre ou de se faire expliquer par un professionnel les articles du Code civil du Québec qui sont liés à la copropriété (chapitres deuxième et troisième qui comprennent les articles 1012 à 1109, CcQ). Aussi, il est recommandé de lire quelques textes spécialisés sur le sujet. Cela vous permettra de vous familiariser avec la complexité des règles de la copropriété et de bien comprendre des notions telles que : propriété divise et indivise, fonds de prévoyance ou de réserve, frais communs, etc.
Aussi, avant d’aller plus loin, voici quelques éléments à prendre en compte et certaines questions à se poser avant d’acheter un condominium :
- Localisation du condo (isolé ou à proximité des services);
- Services offerts (internes ou externes, diversifiés ou non);
- Envergure de la copropriété : nombre d’édifice(s), (un bloc ou plusieurs blocs), nombre de copropriétaires, type de clientèle (locataires ou propriétaires);
- Plans et devis de la bâtisse que vous souhaitez acquérir;
- Coûts : frais d’achat, frais communs, fonds de prévoyance, assurances (privées et communes), travaux prévus à court, moyen ou long terme, augmentations annuelles liées à tous ces frais, etc.;
- Âge du bâtiment, état, qualité, bruits, odeurs (tabac, cuisine, etc.), historique, réputation de la copropriété, voisinage, services publics (vidange, récupération, etc.);
- Fonctionnalités hors-condo (parties communes), le nombre de stationnement(s) (intérieur ou extérieur), endroit pour les bicyclettes (intérieur ou extérieur);
- Dimension et aménagement du terrain, vue, avantages et inconvénients d’y habiter, climatisation, isolation de l’édifice;
- Déclaration de la copropriété (charte), règlements et quotes-parts du condo;
- Gouvernance par un conseil d’administration (gérance interne ou externe), coûts liés à la gouvernance et historique des coûts;
- Règles concernant droit ou interdiction d’animaux domestiques, de fumer ou non dans le condo et dans les aires communes, de ce qu'on peut ou pas placer sur son balcon ou dans ses fenêtres, etc.;
- Lecture des procès-verbaux des assemblées. Y a t-il eu des litiges passés ou d’autres en suspens? Etc.;
- Professionnels attitrés au condominium tels que : promoteur, notaire, inspecteur, évaluateur, etc.
Propriété indivise
Un bien immobilier qui appartient à au moins deux personnes ou plus (appelé communément copropriété) est indivise du fait qu'il n'a pas été divisé avant ou lors de son acquisition, soit par choix, par contrat, par entente ou parce qu'il est impossible à diviser.
Déclaration de copropriété
Il est conseillé qu'une propriété indivise fasse l'objet d'une déclaration de copropriété. Cette déclaration peut être conçue et rédigée par les copropriétaires, mais ceux-ci peuvent s’adjoindre un représentant légal (avocat ou notaire), s’ils le jugent nécessaire.
Sans déclaration de copropriété indivise, c'est le Code civil du Québec qui s'applique intégralement. Les articles 1012 à 1037 CcQ traitent de l’établissement de l’indivision.
Dès qu'une déclaration de copropriété indivise est signée et finalisée, personne ne peut invoquer le Code civil du Québec pour en modifier ou en annuler une clause. Ce qui vaut pour une résidence, s'applique également à d'autres biens en copropriété, que ce soit une auto, des actions ou tout autre bien. Nous sommes donc plusieurs à posséder un bien en indivision.
Dans une copropriété, il y a des quotes-parts qui sont la base du fonctionnement de toute copropriété. Celles-ci définissent la proportion du bien qui appartient à chacun des copropriétaires et servent à partager équitablement les dépenses, les profits, etc. Exemple : 50 % chacun, s’il y a deux propriétaires ou 20 % chacun, s’il y a cinq propriétaires, etc. Chaque copropriétaire a droit à la jouissance du bien, selon sa quote-part.
Attention, si une déclaration de copropriété indivise ne spécifie pas la répartition des quotes-parts respectives des copropriétaires, ces quotes-parts sont présumées égales.
Par ailleurs, les quotes-parts peuvent être réparties de plusieurs façons : suivant la mise de fond, les surfaces respectives, la valeur de l'usage exclusif, la valeur sentimentale du bien, l'appât du gain ou tout autre considération.
Aussi, les copropriétaires d’une propriété indivise ont intérêt à se constituer un « Fonds de prévoyance », puisque les frais communs pourraient y être assujettis. Voir plus bas l'information sur la propriété divise, les explications données sur ces éléments.
Exemple : Trois personnes ont acheté un triplex pour vivre chacune dans son logement. Advenant que l’une d’elles ne paie pas sa quote-part des frais, entre autres les taxes municipales, l'indivision s'applique et dès ce moment-là, les autres copropriétaires deviennent coresponsables du remboursement complet des taxes.
Propriété divise
Dans une copropriété divise, les règles sont beaucoup plus strictes et doivent faire partie de la déclaration de la copropriété, ce qui n'est pas le cas d'une copropriété indivise. Le Code civil du Québec aborde la copropriété divise au chapitre trois (articles 1038 à 1109 CcQ). La déclaration de copropriété, le fonds de prévoyance et les frais communs font partie d’une propriété divise plutôt qu’indivise.
Déclaration de copropriété
Le Code civil peut, à lui seul, constituer une déclaration de copropriété. De plus, on peut y ajouter dans un document, par entente mutuelle, des clauses supplémentaires différentes de celles du Code civil. Par contre, il est illégal d'exclure ou de soustraire des articles ou des parties d’articles du Code civil. Ainsi, tous sont assurés d'un minimum de droits et devoirs bien définis.
En copropriété divise (votre condo, partie privative), vous êtes copropriétaire indivis d’une copropriété divise qui regroupe toutes les parties communes à usage restreint ou non. Ainsi, chacune des parties en copropriété divise a des droits et des responsabilités envers : les parties communes, que vous les utilisiez ou non (structure du bâtiment, murs porteurs, terrain, trottoirs, ascenseurs, piscine, etc.);
- les parties communes à usage restreint : balcon, stationnement, etc., et
- la partie privative de son condo, c’est-à-dire la partie cadastrée à votre nom (volume contenu à l'intérieur de la première feuille de gypse et le dernier revêtement de plancher).
Fonds de prévoyance
La loi oblige les copropriétaires à se munir d’un fonds de prévoyance (articles 1064 et 1071 CcQ) aussi appelé fonds de réserve. Le fonds de prévoyance doit être constitué d’un minimum de 5 % des frais inhérents à la copropriété; ils sont payables par chacun des copropriétaires. C’est une mise en réserve à long terme, confiée au syndicat des copropriétaires (l'ensemble des copropriétaires), en prévision de réparations futures et importantes à la copropriété, de là son appellation de « fonds de prévoyance ou de réserve ».
Généralement confié au syndicat des copropriétaires, le fonds de prévoyance ne peut jamais être réclamé par un seul copropriétaire.
Frais communs
En plus des frais directement liés à son condominium, tels l’hypothèque, l’électricité, la décoration, etc., le copropriétaire doit de plus contribuer, en fonction de sa quote-part , au paiement des frais communs appelés communément frais de condo. Ceux-ci représentent les dépenses générales de la copropriété, notamment l’entretien et la propreté des parties communes, les assurances, les services publics et particuliers, tels déneigement, aménagement paysager, électricité, etc.
Note : Cet article ne constitue pas un avis légal, mais un outil d'aide à la réussite de sa vie en copropriété. Il est préférable et de bon aloi, avant d’acheter une copropriété, de consulter un professionnel spécialisé dans ce domaine.