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Vieillissement et milieux de vie

D’entrée de jeu, le fait d’avancer en âge préoccupe certains aînés dont l’autonomie, force, énergie et motivation déclinent face à l’entretien résidentiel. Vient un moment où la maison semble trop grande, la banlieue plus éloignée du centre-ville et son accès moins facile aux commerces ou services… même au volant. 

On calcule ses épargnes et on se demande combien coûterait la vie en résidence : temps et épargnes ne pourraient-ils pas être mieux utilisés à autre chose (sorties, loisirs, voyages, projets divers… pour pimenter la vie devant soi), qu’aux réparations et à l’entretien qui, au fil des ans, pèsent plus lourd, deviennent plus contraignants, surtout lorsque vides de leur environnement humain : enfants, conjoints, partenaires de vie, ayant laissé derrière eux autant d’espaces vides. 

Milieux vie 300Parfois, on se sent loin de quelque chose dont on voudrait se rapprocher : une certaine douceur de se laisser vivre… Mais se relocaliser, se déraciner, reste une décision majeure! D’où la nécessité de réfléchir à quelques problèmes et à nos besoins réels à venir! C’est une décision qui mérite d’en considérer toutes les facettes, peser le pour et le contre, avant de passer à l’acte : déménager ou rester là? Par exemple, quelques ajustements suffiraient peut-être à pallier certaines contraintes : sous-traiter l’entretien extérieur/intérieur, sous-louer, etc.

Peut-être qu’un solide grand-ménage (ou délestage) pourrait diminuer les pressions et la nécessité d’entretenir autant de stock longtemps accumulé mais plus utilisé. Mais ce délestage possiblement un peu douloureux émotivement, s’imposera tôt ou tard, qu’on choisisse ou non de bouger maintenant ou plus tard. Nos besoins d’espaces et nos habitudes de vie se stabilisent ou diminuent au fur et à mesure que la vie avance!

Quels seront les biens essentiels si on devait, par force majeure, déménager dans un mois?

Bien sûr, le fait de changer de milieu de vie cause (à court, moyen ou long terme) un stress d’autant plus lourd qu’il doit être rapide, comme déménager à court terme en condo ou en résidence pour aînés pour cause majeure : accident, maladie, séparation, décès, etc.

Plus la réflexion commence tôt, moins la décision finale risque d’être difficile : peur de l’isolement, liens à modifier avec son environnement, changements de plans, rêves, projets, etc.

Peut-on vraiment se permettre que nos proches doivent nous déménager?

Changer de milieu de vie

À compter de la retraite, plusieurs raisons peuvent inciter à changer d’environnement : se rapprocher du centre-ville, une résidence actuelle qui excède ses besoins réels d’espace, la valeur de la résidence qui peut constituer une partie du fonds de retraite. Dans certains quartiers, la résidence a pu s’apprécier passablement, mais se reloger reviendra également plus cher.

D’où l’à-propos de prendre du temps pour amorcer sa réflexion sur divers aspects :

    Carte demenagement 350
  • La grandeur le la maison par rapport aux besoins d’espace et de l’organisation de l’espace.
  • Le type de logement (maison, condo, appartement, grands ou petits ensembles).
  • L'attrait de son milieu actuel et le plaisir qu’on en retire (vue et nature).
  • La qualité de vie de son environnement : services, déplacements et gens qui le composent.
  • La sécurité en toutes saisons et les besoins d’entretien des lieux.
  • Un milieu de vie en harmonie avec ses valeurs et besoins.
  • Les sacrifices d’un déménagement (bien évaluer ce qu'on gagne et perd).
  • Les contraintes reliées au vieillissement (autonomie, modification des besoins, avenir, etc.).
  • Les modifications normales de vie : couple, travail, famille, revenus, santé, etc.
  • Dans un horizon à moyen ou long terme, changer de milieu de vie représente une étape de quelques années, ou le dernier droit?
  • Tout déménagement engendre un stress qui, avec l’âge, la perte d’autonomie et d’endurance, devient d’autant plus difficile à gérer puisque l’énergie est moins disponible.
  • Au troisième âge, on a moins droit à l’erreur, donc bien s’assurer des objectifs visés par son changement de milieu de vie.

A t-on l’impression que le bonheur se trouve ailleurs?

L’immobilier et le troisième âge

Troisième âge et choix de milieu de vie vont de pair, d’où l’emballement médiatique actuel pour l’immobilier.

L’État québécois, d'une part, nous encourage à demeurer chez soi le plus longtemps possible. D'autre part, aller vivre en résidence pour aînés (avec ou sans services) demeure une alternative à considérer à l’approche de ses 80 ans, surtout si on est en perte d’autonomie. La prudence suggère de commencer plus tôt, entre 65 et 70 ans, à élaborer son « Plan B » de déménagement, alors que nos facultés nous permettent facilement de planifier, entre autres, le budget nécessaire à l’opération. 

Rappel : La préparation préliminaire à déménager en résidence cause d'autant moins de stress et de tension qu'on est encore loin de l’obligation de quitter son chez soi.

Au-delà du premier « grand-ménage » qui sépare l’accessoire du superflu, l'on envisage les réflexions à faire, les gestes à poser et les personnes de confiance à joindre. Ces gestes faciliteront un choix serein et réfléchi du milieu que nous souhaitons habiter, tout en évitant les pressions et mauvaises décisions. C’est donc une bonne idée d’identifier des gens de confiance et d'échanger avec eux sur la qualité des résidences et de leurs services, en fonction du quartier qu’on souhaiterait habiter et des prix qu’on souhaite payer.

Toutes les résidences ne sont pas égales en matière de qualité des lieux, du personnel, des services et de l’environnement. Un « Plan B » vise à identifier 3 ou 4 résidences adéquates et abordables.

Pistes de réflexion

On peut se créer un aide-mémoire de questions-réponses importantes, par exemple :

    Demenagement personnes agees
  • Aménagement : grandeur, luminosité, esthétique et diversité des espaces de vie offerts : cuisine, salon, salle de bain, balcons, etc.;
  • Personnel et services : qualités/compétences du personnel, gamme de services payants/gratuits en cas de perte d’autonomie;
  • Espaces communs : présence ou non de salons, salles de rencontre, espaces de loisirs, aires extérieures aménagées, etc.;
  • Réglementation : visiteurs, salles à manger, horaires de repas, etc.
  • Accès pédestre/transport vers : quartier, parcs, commerces, services, etc. Le type de clientèles de la résidence et sa relation avec l’administration;
  • Type(s) de clientèles : l’importance de bien se préparer à l’avance en s’informant et en visitant diverses résidences, sachant que la vie en résidence s’imposera à bien du monde : aussi bien s’y faire et s’y préparer d’avance;
  • Information/visites : importance de bien se préparer à l’avance en s’informant et en visitant diverses résidences; la vie en résidence s’imposera à presque tout le monde, aussi bien s’y préparer d’avance.
  • CLSC/agences de placement : ils peuvent être mis à contribution pour le choix d’une résidence; leurs services sont utiles, mais avec limitations parfois importantes. Leurs conseils apportent une aide partielle.

On peut également s'informer sur les autres types de milieux de vie substituts pour aînés autonomes ou en perte d’autonomie tels :

  • l’achat de places,
  • les ressources intermédiaires,
  • les CHSLD privés conventionnés et publics qui méritent d’être mieux connus.

Note : les ressources intermédiaires et CHSLD privés conventionnés ou publics ne peuvent être considérés dans le choix de milieux de vie pour aînés puisque ce n’est pas la personne aînée qui choisit d’y aller, mais l’État qui décide de son admissibilité.

Des compromis seront essentiels pour dénicher son milieu de vie idéal. Le choix d’une résidence est assez important pour qu’on y consacre suffisamment de temps à réfléchir, s’informer et explorer ce domaine qui évoluera au fur et à mesure que les résidents en parleront ouvertement.

Déménager? Qu’est-ce que je veux changer?

On souligne l’importance de demeurer dans son milieu de vie actuel tant que des raisons sérieuses obligent à déménager. Le bien-être et la sécurité d’un environnement qu’on connaît bien sont bénéfiques à sa santé mentale alors qu'un déménagement provoque un changement de vie important et exigeant nombre d’ajustements.

En fait, demeurer au même endroit longtemps aurait une influence directe sur la mémoire, modelée au fil du temps par les repaires familiers : espaces, mobilier, lumière environnante, etc., qui facilitent les gestes du quotidien devenus automatiques, sans planification ni organisation préalables et en toute économie de mémoire et d'effort.

Le vieillissement entraîne une certaine diminution de la capacité d’adaptation qui peut engendrer un stress plus ou moins important, auquel s’ajoute des diminutions de force et d’endurance physiques, deux capacités particulièrement sollicitées lors d’un déménagement et durant la période d’adaptation à un nouvel environnement.

On demenageDemeurer dans son milieu de vie exige une continuité de certaines activités d’entretien et d’amélioration permettant de demeurer actif. Les ainés déménagent généralement vers un environnement plus restreint, avec moins d’obligations : entretien ménager et paysager, ascenseurs, stationnement intérieur, etc. Ces avantages diminuent les activités quotidiennes, mais incitent par ailleurs à une sédentarité passive qui favorise une diminution de ses capacités.

Il est illusoire de croire qu’aucune circonstance n’obligera à changer de milieu de vie : décès du conjoint, perte sévère d’autonomie, baisse soudaine de revenus, etc. Il est donc sage, à compter de 60 ou 70 ans, d’envisager un « Plan B » pour anticiper cet éventuel déménagement.

Se préparer signifie :

  1. Planifier;
  2. Faire un « grand-ménage » ;
  3. Conserver le nécessaire à un fonctionnement adéquat et
  4. Laisser aller le reste. 

Ce tour de propriété vise à identifier ce dont on a vraiment besoin, en tenant compte de ses capacités physiques, d'endurance, d’adaptation au stress du changement. L’idée consiste à se regarder tel qu’on est, sans complaisance ni exagération. En couple, on peut faire le même exercice, chacun de son côté, puis ensemble, afin d’évaluer sa capacité à intervenir adéquatement si l’autre perd des facultés ou décède.

Une fois fait, ce ménage permet d'évaluer l’espace nécessaire lorsqu’on déménagera, surtout si on quitte une grande maison vers un logement plus petit! Une fois cette étape complétée, il est plus facile d’évaluer le type de milieu de vie qui nous convient réellement en visitant ses coins de ville préférés, en s’informant auprès de personnes de confiance qui préparent ou ont déjà fait la transition.

Bien sûr, il y aura des deuils à faire de certains aspects de sa vie et d’autres, trop déchirants, qu’on refusera d’accepter. En tout temps, toutefois, il est primordial de bien exercer son sens critique face aux publicités sur les types de résidence offerts, avec ou sans services, en tenant compte d'abord et surtout de sa propre réalité. 

De quoi a t-on vraiment besoin :

  • de confort sécuritaire et abordable à long terme OU d’une vie de château dispendieuse;
  • d’une communauté de vie OU d’isolement;
  • d’une vie urbaine trépidante OU d’un quartier tranquille.

Certaines résidences proposent une période d’essai. On peut donc tenter l’expérience pour voir ce qui nous plaît et nous déplaît vraiment. C’est une décision comportant des conséquences sur plusieurs années.

Au Québec, près de 18 % des 65+ vivent en résidences privées, soit trois fois plus que les aînés canadiens! D’où la nécessité et la prudence de réfléchir en profondeur et d’envisager plusieurs alternatives, sans en faire une obsession!

Généralement, c’est vers l’âge de 75 à 80 ans qu'il est plus fréquent de déménager. La moyenne d’âge dans les résidences privées pour aînés est de 84 ans, sauf pour les cas d’importante perte d’autonomie.

Au final, la décision de changer ou de conserver son milieu de vie doit absolument répondre à un besoin réel et profondément personnel, et non à une mode encouragée par des publicités agressives.

Simuler les coûts d'un changement d'habitat

Il y a des coûts rattachés à chaque décision, soit : la vente de notre résidence, l’accès à un nouveau milieu de vie par achat ou location.

Le Collectif 55+ a mis au point des « simulateurs de coûts » afin d’aider les personnes qui envisagent une relocalisation à prendre ce genre de décision en étant conscients des coûts réels. Le Guide de sélection d’un habitat à 55+ comprend des grilles de calculs financiers interactifs pour évaluer un ensemble de choix possibles (conservation, vente, achat et location résidentiels) et simulent les charges spécifiques pour les propriétaires et locataires.

Bien que l’exercice financier soit utile et intéressant lors d’un changement de milieu de vie, d’autres considérants influencent nos choix, tels :

  • nos valeurs,
  • besoins actuels et futurs,
  • nos contraintes (financières ou autres),
  • notre situation familiale et personnelle, etc. 

Grand-ménage pré-déménagement

On l'a dit, c'est autour de 70 ans que le moment est propice pour réfléchir à un éventuel déménagement de la résidence familiale, surtout lorsqu’elle devient difficile à conserver, physiquement ou financièrement.

Tout déménagement implique idéalement un grand-ménage ou « délestage » préalable qui peut s’apparenter à un rituel de transfert intergénérationnel, non seulement d'objets familiaux, mais aussi des valeurs qu’ils représentent et des souvenirs qu'ils rappellent à chaque membre de la famille.

Boites demenagementCe transfert de patrimoine entre générations peut générer le partage de bons souvenirs et de rapprochements, mais aussi le déclenchement d’irritants, parfois sérieux, entre les héritiers éventuels.Toute préparation à un déménagement implique une coupure avec le passé, qui devient soudain réelle et parfois douloureuse lorsqu'elle n'est pas compensée par un échange positif sur la continuité des choses.

L’avantage de se préparer d’avance au délestage et/ou transfert, consiste justement à se donner du temps pour amortir le choc possible plutôt que d’y être confronté tout à coup et sans avertissement.

La préparation au grand-ménage donne du temps pour bien identifier qui sera plus heureux (ou pas) de recevoir tel ou tel objet, et ainsi réduire les tensions potentielles. Cette décision mérite donc qu’on en discute en famille et d’avance pour éviter les conflits, et suppose qu’on a déjà procédé à son propre détachement, voire au deuil des biens dont on devra se défaire, avec les histoires, les souvenirs et l’attachement qu’ils rappellent forcément.

Le grand-ménage s’apparente à un rituel délicat et provoque une prise de conscience du passage de toute une famille vers une autre étape de vie.

Date de dernière mise à jour : 06/04/2020

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